Des portraits de prisonniers sont brandis haut dans le ciel par les familles de détenus rassemblées à Ramallah. Mahmoud Zayeh lui, presse la photo de son fils contre sa poitrine. « Il a été arrêté il y a 15 ans, ici à Ramallah, il s’appelle Majd Zyadeh », détaille-t-il.
D’une voix chevrotante, Fadwa Barghouti prend le micro pour dénoncer les conditions de détention des 6 300 palestiniens incarcérés en Israël. La femme de Marwan Barghouti, le dirigeant emblématique du Fatah condamné à la prison à vie qui a lancé ce mouvement ne cache pourtant pas ses craintes. « Je suis inquiète, très inquiète, pas seulement pour mon mari mais pour tous les prisonniers, explique-t-elle. Mais les familles des détenus se reposent sur moi, il faut que je sois forte. »
« L’ultime recours »
Cette grève de la faim est nécessaire, selon Majed Bamya, diplomate palestinien en charge du dossier des prisonniers politiques. « C’est l’ultime recours pour se faire entendre et appeler le monde à intervenir auprès de la puissance occupante pour qu’elle arrête ces violations des droits des prisonniers qui sont des personnes protégées en vertu des conventions de Genève », affirme-t-il.
La grève pourrait bien durer. L’administration pénitentiaire israélienne a déjà annoncé qu’elle ne négocierait pas avec les prisonniers.
Entre 6 300 et 6 500 Palestiniens dans les geôles israéliennes
Avec le correspondant RFI à Jérusalem, Guilhem Delteil
Les estimations varient quelque peu mais la fourchette reste la même. Ce sont entre 6 300 et 6 500 Palestiniens qui sont actuellement dans les prisons israéliennes. Une hausse de 15% par rapport à l’été 2015, avant le déclenchement de la vague d’attaques au couteau. Quant au nombre de personnes placées en détention administrative, incarcérées sans avoir été jugées, il a lui augmenté de près de 50% sur la même période selon l’organisation Addameer : 500 détenus palestiniens relèvent actuellement de ce statut.
Mais plus encore que ces chiffres, c’est le système judiciaire israélien que dénonce l’instigateur de ce mouvement, Marwan Barghouti. A ses yeux, comme à ceux de l’Organisation de libération de la Palestine, il est biaisé : ces cinq dernières années, le taux de condamnation des Palestiniens a varié entre 90 et 99%, dénoncent-ils. Et eux de considérer les détenus Palestiniens comme des prisonniers politiques.
Des accusations rejetées par le gouvernement israélien. « Il s’agit de terroristes et de meurtriers condamnés, traités dans le respect du droit international », répond l’un de ses porte-paroles.